41. entre doubles crochets
[construire une ville avec des mots]
C’est un petit [1] passage [2] sans grand intérêt [3]. Rien à y voir, rien à y faire [4]. Il est pratique, c’est tout [5]. Elle [6] l’emprunte pour éviter un détour lorsqu’elle rend visite à son amie d’enfance. Verrière terne, faïence usée, tapis central fané. Façades de commerces désœuvrées recouvertes de papier journal. Portes entrebâillées. Seul un bar [7] reste ouvert la journée [8]. Deux tables orphelines empiètent sur le passage. Un serveur ancienne école [9], droit dans son costume trois pièces. Un temps suspendu à rien. Peu d’activité à l’intérieur même du passage, des chuchotis. Le regard glisse sur la lumière poussiéreuse. Pourtant, elle n’est pas la seule à traverser et retraverser dans un flux parfois plus tendu selon l’heure cet espace indéfinissable ouvert au public [10].
[1] Pourquoi « petit » ? Existe-t-il de grands passages ? Idée à creuser ou adjectif à enlever.
[2] pas/sage, pa/sa/ge, sa page… deux lieux évoquant la notion d’empreinte. Les pas sur le sol, éphémère et répétitif. L’encre sur la page, visible, indélébile.
[3] où sont passées les autres, ceux qui apportent de l’intérêt ? Sont-ils si différents ?
[4] Un lieu démuni de l’essence même de l’existence, où le réel s’est absenté, où la vie s’est vidé de sa sève. Un lieu sec.
[5] Une bien maigre consolation.
[6] Elle, celui qui écrit et le double. Faire un choix ou pas.
[7] Trouver un nom.
[8] Une lueur d’espoir… et pourtant.
[9] Maladroit ! Trouver une autre tournure. « Formé à l’ancienne école » ou « d’un autre temps ».
[10] Deux mondes différents se côtoient : celui qui s’inscrit dans la stagnation et celui qui existe par le mouvement. Décalage.
[contribution atelier F. Bon - Tiers livre été 2018]