03/12/2010

Elle ramènerait à la grand-mère énormément d'argent, voire un télescope.


Elle installerait les vétustes transats de la maison de campagne au milieu du champ de luzerne et lui désignerait, dans l'épaisseur de la nuit, toutes les constellations qu'elle connaissait. En fait, elle n'en connaissait aucune. Le moment venu, elle inventerait des noms aussi magiques les uns que les autres. Elle profiterait de ce moment pour évoquer son retour, se faire pardonner.



Purge, Sofi Oksanen, Stock, 2010

14/11/2010

Je voulais regarder par-dessus mon épaule, mais j'étais trop concentré sur le mouvement de mes jambes.


Garder le rythme. Garder le rythme à tout prix. Contrôler le souffle, les battements du cœur. Faire le vide dans sa tête.

Les derniers kilomètres seront les plus difficiles à gérer. Je m'en souviens maintenant. La plante de mes pieds brûle. J'ai la cuisante impression de baigner dans un jus acide qui n'a de cesse d'attaquer le coton bouclé de mes chaussettes, puis le caoutchouc des semelles des mes chaussures de course. Je cours à vif sur le bitume.

Je fais mon entrée dans Central Park et ma vision rectiligne du parcours se transforme en un horizon vallonné. De chaque côté des coureurs, une foule compacte s'agglutine derrière les barrières de sécurité. Les cris d'encouragements deviennent maintenant autant de piques dans ma tête, mon corps. J'ai envie de hurler: "Arrêtez-vous!"

La ligne d'arrivée n'est plus très loin. J'avance tel un funambule vers un point lumineux imaginaire. Je vole. Je me sens plus léger. Les derniers mètres, c'est au ralenti que mon corps désarticulé les franchit puis le mur humain face à moi se fend.

Black out. C'est à l'hôpital que je me réveille.



Les Saisons de la solitude, Joseph Boyden, Albin Michel, 2008

27/09/2010

Je le voyais tous les quinze jours, quand il était de repos et qu'il rentrait à la maison, à la nuit tombée.


Il restait deux ou trois jours et repartait.

Le rythme monotone de ses absences se fondait dans le quotidien. En revanche, sa présence perturbait, remettait en cause toutes les heures construites sans lui. L'instabilité de son humeur, son repos à respecter introduisait des inconnues que je gérais mal.

Trop jeune pour comprendre les nécessités de l'existence, j'ai eu très vite l'envie de l'écarter de ma vie, d'en faire une histoire passée même si régulièrement il réapparaissait.

Et quand il était là, à se mouvoir tel un fantôme dans notre grande maison ouverte au quatre vents, il n'était pas plus présent à notre vie. Il se reposait des quinze jours d'absence. Seuls les ronflements qui s'échappaient de la chambre du fond me ramenaient à une réalité imposée.

Parfois, lové au fond de mon lit d'enfant, je priais pour qu'il ne rentre plus jamais.

Dernier train pour Buenos Aires, Liana Levi, 2010

02/08/2010

[page blanche]

Que dire?

les visages de jesse kellerman, sonatine éditions, 2009

25/07/2010

un vol complet signifiait qu'il me serait sans doute impossible de changer de siège

je jetais un œil interrogateur sur le tableau d'affichage: mon vol clignotait en rouge. retardé. mes mains devinrent moites.




le chagrin et la grâce de wally lamb, belfond, 2010

11/07/2010

keller n'est pas le seul à poser des questions sur vous: je crois savoir que quelqu'un a appelé le labo.

cette phrase résonne encore dans ma tête. elle me glace le corps. qui avait eu l'audace d'appeler sur mon lieu de travail? cette personne anonyme avait-elle réellement posé des questions ? eu des réponses? je me recroquevillais dans mon fauteuil. en apnée. j'écoutais les bruits de l'appartement si familiers jusqu'à ce jour, si oppressants depuis.


origine de diana abu-jaber, sonatine éditions, 2010

02/01/2010

Pause…[brève2nuit]

Pause… D'autres projets… Mille projets…
Une idée: venez visiter mon site, ecrivainconseil.com
Et merci d'avoir partagé ces mots avec moi.