31/03/2009

brève2nuit [113]

une pensée lui vint à l'esprit, et si la nuit se renversait que deviendraient les étoiles ?

30/03/2009

brève2nuit [112]

un nuage obscurcit les mèches cendrées de son front, son oeil se ternit et son sourire éclatant s'effaça au profit d'une moue qui souligna les traits anguleux de son visage. elle remonta l'allée du parc sans se retourner. de la manche gauche de son manteau un couteau dépassait

29/03/2009

brève2nuit [111]

impossible de trouver la rue des lilas bleus. elle tournait le plan du quartier dans tous les sens, mais rien n'y fit. la rue s'était étrangement perdue quelque part dans sa mémoire. pourtant, il lui semblait qu'elle n'était pas si loin. bientôt, elle trouverait l'entrée de la rue et il ne lui resterait qu'à la traverser, la remonter dans toute sa longueur pour enfin retrouver le banc où ses initiales avaient été gravées par son premier amour

28/03/2009

brève2nuit [110]

de la rue montaient des bruits métalliques

27/03/2009

brève2nuit [109]

de la fenêtre de sa chambre, elle aperçut l'homme à l'imperméable beige. il tournait le coin de la rue. ce matin, il avait 7 minutes de retard.

26/03/2009

brève2nuit [108]

la montée des 347 marches fut rude. le souffle court, elle parvint à rejoindre le belvédère d'où elle put contempler toute la beauté de la ville.

25/03/2009

brève2nuit [107]

l'humidité la saisit alors que les réverbères s'éteignaient, seule, au milieu de nulle part, elle effleurait sa vie sans envisager demain

24/03/2009

brève2nuit [106]

elle poursuivit son chemin et longea le muret de la rue des bleuets, une canette de bière était posée en son milieu

23/03/2009

brève2nuit [105]

au bout de la rue, elle tourna à gauche et elle se dit qu'elle aurait pu ramasser les débris de la tuile et les jeter dans une poubelle où ils seraient tombés dans un bruit assourdissant qui aurait réveillé la curiosité de nombreux inconnus déjà accourus derrière leurs fenêtres aux vitres crasseuses, elle se dit qu'elle aurait pu les ramasser  

22/03/2009

brève2nuit [104]

du bout du pied, elle déplaça les restes de la tuile dans le caniveau et, satisfaite de son initiative, elle remonta la rue d'un pas appuyé en se remémorant la peur qu'elle avait ressentie, cette nuit, lorsque celle-ci s'était désolidarisée de ses compagnes pour dévaler la pente du toit et terminer sa chute dans la rue

21/03/2009

brève2nuit [103]

cette nuit, glissade, bruit inquiétant, brisure, une tuile est tombée du toit

20/03/2009

brève2nuit [102]

un volet claque, une porte grince, le plancher craque. dans l'appartement du dessus une ombre se glisse délicatement dans l'espace habité de remords desséchés, de pleurs évanouis et de cris étouffés

19/03/2009

brève2nuit [101]

troisième étage d'un immeuble en pierre de taille récemment rénové. une fenêtre voilée, sur la droite. toujours la même, avec cette étrangeté qui la caractérisait: tous les après-midi des jours pairs, quelque soit le temps, elle baillait. légèrement entrouverte, de manière à susciter un questionnement, une curiosité, un regret. le regret de ne pas savoir qui se tenait derrière cette fenêtre.

18/03/2009

brève2nuit [100]

troisième rang, siège de gauche contre la fenêtre, elle somnolait, bercée par les vibrations familières du bus 63

17/03/2009

brève2nuit [99]

pâle copie d'un corps qui se fond dans l'ombre du réverbère, le soir, et remonte la ruelle, et repasse sous un réverbère, un peu plus loin, pour atteindre le prochain carrefour, vide, vide de passants et silencieux comme si un événement avait secoué ce lieu courant d'air où les âmes se croisent sans jamais s'arrêter vraiment

16/03/2009

brève2nuit [98]

elle marcha jusqu'au coin de la rue et s'aperçut qu'elle avait oublié son sac au cinquième étage du numéro 27 de la rue du passant. machinalement, elle fit demi-tour. en s'approchant de l'entrée en question, elle décida de ne pas s'arrêter et de poursuivre son chemin

15/03/2009

brève2nuit [97]

comme si sa conscience la guidait vers un possible ailleurs

14/03/2009

brève2nuit [96]

elle voulait juste entendre sa voix une dernière fois

13/03/2009

brève2nuit [95]

elle est partie avec ces mots-là, avec ces mots-là dans son corps, son corps déchiré, épouvanté, exténué. elle est partie. sa chaussure gauche lui blessait le talon, mais à quoi bon, la gare routière n'était plus très loin.

12/03/2009

brève2nuit [94]

en regardant sa montre, elle s'aperçut que l'heure de son rendez-vous était passée

11/03/2009

brève2nuit [93]

elle regarda sa montre et nota l'heure tardive, 23h47

10/03/2009

brève2nuit [92]

n'en finit pas de grincer au-dessus comme si la femme s'était dit qu'elle pouvait marcher, marcher toute la nuit, marcher avec ses chaussures de ville à haut talons, ces talons hauts qui jamais ne semblaient épuisés par tant de pas exécutés, exécutés dans le minuscule espace d'une chambre de bonne où chaque millimètre était investi d'une fonction particulière, où le seul fait de se mouvoir impliquait une réflexion approfondie sur l'espace à occuper sans gaspiller le moindre de ces précieux millimètres qui malgré tout permettaient à un corps svelte et habille de se déplacer sans trop d'encombre, permettaient de redéfinir cette pièce de manière à marcher toute la nuit sans que quiconque ne s'aperçoive de la défaillance de cet univers ridicule et ainsi, elle marchait, marchait, marchait, sans état d'âme, sans se demander si elle était entendue, si ses pas étaient perçus comme une agression sonore ou comme une berceuse insolite et le temps qu'elle se pose cette question, les heures avançaient, bientôt le jour se manifesterait et

09/03/2009

brève2nuit [91]

le souvenir d'un regard interrogateur, d'un pas qui se perd dans le couloir, de bribes de paroles hésitantes. et le plancher qui n'en finit pas de grincer dans l'appartement du dessus.

08/03/2009

brève2nuit [90]

ville du souvenir, que reste-t-il de ce paysage intérieur? de ce vécu passé, dépassé, distancé, éloigné, édulcoré, transformé, déformé, cisaillé, dilaté, troué, persécuté, torturé, oublié, mais aussi enfoui, parti, nourri, pétri, réparti, pourri, infini, indéfini, que reste-t-il? un souvenir flou où rien ne semble vraiment réel ou irréel, où le souvenir s'est construit un chemin à travers des images anciennes, des flashes qui reviennent et s'installent dans un espace temps insaisissable.

07/03/2009

brève2nuit [89]

gare de la ville nouvelle, train n°2458, voie 4 bis, 5h38
une légère brise prometteuse traverse le quai…

06/03/2009

brève2nuit [88]

le square, lieu paisible, censé être paisible

05/03/2009

brève2nuit [87]

assise sur un banc 
légèrement courbée 
elle attend le bus

04/03/2009

brève2nuit [86]

l'hiver est là, bien là, l'hiver est là, installé dans une banalité décevante. la nuit aussi est là, froide, paralysante, à peine rassurante, déployant son voile sombre, légèrement transpercé par une lumière diffuse, celle de la ville noyée dans un brouillard de circonstance, écharpe flottante qui s'effiloche, qui vire au gris, qui perd un bout, un bout de rien, car le brouillard n'investit rien de bien précis, rien de réellement matériel et passer sa main au travers n'avance à rien, alors rien faire, rien envisager, seulement attendre, attendre que la ville s'endeuille de l'hiver, lève le voile et accueille le printemps comme il se doit.

03/03/2009

brève2nuit [85]

vertige du temps qui passe
à la bordure de la ville
frontière où tout se joue
limite de l'existence
va-t-elle un jour franchir
ce pont imaginaire
où l'espace entr'aperçu se meut parmi d'autre repères
où la route ébauchée mène vers un avenir en devenir
est-elle prête
son regard a franchi la ligne imaginaire
son corps ne la transgressera pas
pas encore

02/03/2009

brève2nuit [84]

tout ce qu'elle voit
c'est le silence
tout ce qu'elle entend
c'est l'absence
tout ce qu'elle touche
c'est le vide insondable
tout ce qu'elle goûte
c'est le fluide glacial d'un fleuve délabré
tout ce qu'elle sent
c'est l'absurdité de son existence

01/03/2009

brève2nuit [83]

le dernier train partira sans tarder
encore trois minutes avant que les portes ne se referment
il quittera le quai de cette gare déserte
sans état d'âme
à son allure
le nez au vent
loin des cœurs déchirés