09/10/2009

brève2nuit[196]

que ressentait-elle au fond d'elle-même? ce retour était-il réellement le fruit d'une réflexion longuement mûrie ou bien une figure imposée?

28/09/2009

brève2nuit[195]

les gros nuages sombres s'étaient évaporés laissant sur leur passage une traînée couleur cendre délavée. moins inquiétant que les précédents colosses, ce film imperturbable avait choisi de déverser une multitude de fraîches gouttelettes sur les ardoises de la ville. elle sentit l'humidité la pénétrer. son visage, parsemé de cette rosée tardive, sentait le fer… la nature portait sa croix.

25/09/2009

brève2nuit[194]

avait-elle trouvé ce qu'elle cherchait? pourquoi ce retour? le veut-elle vraiment? autant de questions encore en suspens.

24/09/2009

brève2nuit[193]

elle n'avait pas encore atteint son point de rendez-vous. quelle importance? partie trop loin, revenue si tôt…

23/09/2009

brève2nuit[192]

en suivant une feuille de platane jaunie par l'endormissement saisonnier de la sève, en décomptant le temps, en chuchotant dans le vent, en

22/09/2009

brève2nuit[191]

comment pourrait-elle reprendre le cours de sa vie?

21/09/2009

brève2nuit[190]

après l'attente du retour,
l'angoisse et les questionnements,
elle n'arrivait plus à distinguer ses sentiments.
perdue dans un brouillard aux contours hypothétiques,
elle errait, son âme recroquevillée dans un mouchoir d'enfant.
et pourtant,
elle avait fait le choix de poursuivre sa destinée.

18/09/2009

brève2nuit[189]

elle revenait d'un long voyage…
ses pas résonnaient dans la rue déserte
une autre cadence, un autre son
le pollen d'automne lui chatouilla le nez
au dessus de la ville,
de gros nuages menaçaient de se déverser
l'orage grondait
au loin
il ne s'approcherait pas d'avantage
elle le savait
elle remonta le col de son imperméable
et descendit la rue
dans la poubelle au coin de la rue
elle déposa une lettre déchirée en deux
puis elle fut avalée par l'épaisse foule du faubourg

12/07/2009

brève2nuit [188]

elle comptait sur ses doigts. cela faisait exactement sept ans, sept ans qu'il était parti.

11/07/2009

brève2nuit [187]

"l'après-midi sera marquée par la chaleur" avait informé l'animateur de radio. puis elle avait éteint le poste.

10/07/2009

brève2nuit [186]

La voiture garée au pied de l'immeuble de la vieille femme à demi sourde démarra en trombe laissant sur le bitume renfermant la chaleur du jour deux traces plus foncées, témoignage d'un passage accentué non justifié.

09/07/2009

brève2nuit [185]

assise dans son fauteuil, elle pouvait apercevoir, de sa fenêtre du troisième étage, le mouvement incessant des clients qui entraient et sortaient de la boucherie de Madame D.

08/07/2009

brève2nuit [184]

elle passa la nuit à fixer le plafond et à compter les heures qui s'égrainaient. au petit matin, elle ne serait plus là.

07/07/2009

brève2nuit [183]

il a plané sur la ville ensoleillée comme une ombre. un souvenir qui s'envolait.

06/07/2009

brève2nuit [182]

une lettre à la main, elle attendit le facteur au bout de l'allée.

05/07/2009

brève2nuit [181]

au petit matin, une épaisse brume enveloppa toute la ville.

04/07/2009

brève2nuit [180]

l'usure du temps grava sur son visage de multiples sillons qui la firent ressembler à un fruit sec.

03/07/2009

brève2nuit [179]

ce soir, elle ne prit pas l'ascenseur comme elle avait l'habitude de le faire, chaque soir. devant la porte de l'appartement, elle mit la main dans son sac, chercha la clé et ne l'y trouva pas.

02/07/2009

brève2nuit [178]

elle emporta avec elle le reste de papier cadeau. celui qu'elle avait sorti de la poubelle municipale. il était bleu turquoise et lui rappelait la couleur de la mer sur la carte postale que son amie avait reçu de ses cousins l'an passé.

01/07/2009

brève2nuit [177]

les lumières de la ville s'éteignirent, plongeant la ville dans une obscurité qu'elle n'aurait jamais soupçonnée.

30/06/2009

brève2nuit [176]

dans la cours de l'école, les enfants chantaient, assis en rond autour du nouveau. quand la pluie commença à tomber, ils se regroupèrent sous le préau et

29/06/2009

brève2nuit [175]

le quartier brûlait de mille feux: lumières , spots, publicités, écrans. la foule abondait, se regroupait selon ses centres d'intérêt. des odeurs de friture montait des cuisines en sous-sol. la présence de patrouilles de policiers calmait les esprits cabochards. les heures s'épuisaient dans une débauche de rien.

28/06/2009

brève2nuit [174]

la fenêtre entrouverte laissait passer la fraîcheur du soir. plaisir d'un instant dont la mémoire se délectera plus tard, beaucoup plus tard.

27/06/2009

brève2nuit [173]

quartier de l'ablette. l'école. un cartable sur le trottoir. éventré. des cahier déchirés, des crayons éparpillés, des feuilles volent et avec elles le groupe nominal sujet, les fractions, Louis XIV, le verbe être au passé et le cours de dessin. pff! terminé!

26/06/2009

brève2nuit [172]

et si c'était par hasard? un rayon de lune brillant sur le pavé humide. le bruit d'une bouteille en verre qui se brise à côté d'une poubelle déjà éventrée. un écrou qui roule dans le caniveau. une mare de sang sur la chaussée.

25/06/2009

brève2nuit [171]

rien que du sombre, des ombres et la nuit. silhouettes fragiles qui avancent dans la nuit de l'oubli. l'exil.

24/06/2009

brève2nuit [170]

l'ascenseur était en panne depuis plus d'un mois. depuis, elle sortait rarement de chez elle.

23/06/2009

brève2nuit [169]

une trace rouge fluo sur le bitume, plus loin, des courbes dessinées à la craie blanche.

22/06/2009

brève2nuit [168]

qui avait-il sur le bitume brûlant ? certainement un souvenir douloureux d'un instant de frayeur. là où le regard a dérapé, où la lumière s'est éteinte, où le cœur a faibli. seuls les cris du dehors ont couvert le départ incertain d'une âme affaiblie.

12/06/2009

brève2nuit [167]

pourquoi est-elle partie si loin ?

04/06/2009

brève2nuit [166]

Elle sortit de chez elle en courant et cria "au feu !"

28/05/2009

brève2nuit [165]

écouter la nuit. entendre la maison respirer. observer la rue sommeiller. souligner les ombres de l'ombre nocturne. noter la fixité du regard. se nourrir de cet instant qui demain basculera peut-être dans l'oubli.

27/05/2009

brève2nuit [164]

comment partir? comment revenir? le mieux était de ne jamais avoir à se poser ces deux questions. elle regardait la ligne irrégulière des immeubles de son quartier et chaque pensée qui montait en elle se transformait en un supplice intolérable. contrariée, elle tourna le dos au monde extérieur.

26/05/2009

brève2nuit [163]

en descendant l'avenue, elle fredonnait un air aux intonations aussi légères qu'un vol de plumes. à mi-chemin, la mémoire lui fit défaut, mais un mot lui revint: éternel…

25/05/2009

brève2nuit [162]

vaincre la pluie, vaincre le bruit, vaincre l'ennui, vaincre le bitume, vaincre la nuit et les paris.

24/05/2009

brève2nuit [161]

sa journée s'écoula sur un banc. le parc était désert, la température fraîche. lorsqu'il la vit passer au loin, il crut à un miracle.

23/05/2009

brève2nuit [160]

à l'entrée du parc, la poubelle débordait. essentiellement de gobelets de glace.

22/05/2009

brève2nuit [159]

elle rentra dans l'appartement, vide. elle rangea ses affaires dans la vieille armoire et installa sa brosse à dents et son dentifrice sur la tablette au-dessous du miroir. dans la cuisine, elle se prépara un thé aux saveurs exotiques. sa deuxième tasse, elle la prit sur son canapé vert tendre où elle s'endormit.

21/05/2009

brève2nuit [158]

une pluie acide se déversait sur la ville depuis deux jours. derrière la vitre embuée de sa chambre, elle observait les quelques passants malchanceux qui se précipitaient pour atteindre leur but. parfois un pigeon venait se poser sur le balcon d'en face. 

20/05/2009

brève2nuit [157]

pourquoi lui avait-il parlé sur ce ton? oui, elle avait traversé en dehors du passage pour piétons et elle s'en était excusée. oui, il avait dû piler et son véhicule n'avait pas redémarré assez vite à son goût. il en était fortement contrarié. cette remarque l'amusa. oui, elle aurait dû être plus prudente. oui! oui! oui! quand elle réalisa qu'un choc violent aurait pu lui coûter la vie, elle blêmit. le visage du conducteur de la Fiat 500 ressemblait à une flaque d'huile, difforme et fuyant.
elle était incapable de prononcer un mot alors elle fit un pas et… trou noir.

19/05/2009

brève2nuit [156]

rue de la teinturerie, elle tourna à droite.

18/05/2009

brève2nuit [155]

l'enfant lui tenait la main, naturellement. elle, elle ne sentait rien. une main morte parmi les morts. déjà. elle avançait dans la brume, incertaine, au crépuscule de sa vie…

17/05/2009

brève2nuit [154]

comment ferait-elle pour quitter cette ville, demain, à l'aube? en avait-elle vraiment envie? difficile de répondre. elle flottait, perdue dans ses pensées, sa valise au pied du lit.

16/05/2009

brève2nuit [153]

fuir les limites de la ville, courir jusqu'au bout de nulle part et s'enfoncer dans un abîme de rien. tel se présentait le rêve qui l'avait sortie de sa transe nocturne. assise sur le rebord du lit, elle prit sa tête entre ses mains et pleura.

15/05/2009

brève2nuit [152]

marcher et ne plus savoir. mais le temps passe et n'efface rien. la ville est là, attend, observe. si bien qu'elle ne la voit plus, ne l'entend plus. elle marche et ne voit que le bout de ses chaussures usées. elle n'en sort pas de la ville. toutes les voies sont marquées "sans issue". dommage. elle avait un temps espéré. alors, il ne lui restait plus qu'à marcher et ne plus savoir.

14/05/2009

brève2nuit [151]

la fontaine, comment avait-elle pu oublier la fontaine? le quartier, désert aux heures de grande chaleur, respirait au rythme d'un délicat filet d'eau. l'atmosphère, épaisse, lourde devenait supportable aux abords de la pierre humide. à la sortie de l'école, les enfants pratiquaient leur activité favorite: s'asperger! en passant, les femmes trempaient leurs mains et se rafraîchissaient le visage. les hommes faisaient un détour pour y plonger la tête et sentir le ruissellement du liquide dans leur dos. sur le banc, les anciens n'avaient plus la force de parler, ils observaient, un sourire en coin, le manège répété des uns et des autres en attendant que l'aïeule vienne les chercher. elle en profitait pour ramener un seau d'eau fraîche dans la cuisine.

13/05/2009

brève2nuit [150]

dans cette ville sans nom, elle avançait comme un oiseau blessé. triste silhouette. 

12/05/2009

brève2nuit [149]

son ombre croisa la sienne dans un délicat murmure.

11/05/2009

brève2nuit [148]

le ciel gris plombe la ville. au loin, de gros nuages sombres montent, menaçants. un éclair, un coup de tonnerre. une fenêtre claque.

10/05/2009

brève2nuit [147]

un portail, une allée, un banc. sur le banc, un journal. ouvert. les fines feuilles frémissent et, une à une, se dispersent sur la pelouse rafraîchie par la rosée matinale. ainsi s'égarent les nouvelles. page 17. message à Fleur de lait : RDV ce jour, à 14h45, place de la Verrerie. 

09/05/2009

brève2nuit [146]

poursuivre son chemin, comme si de rien n'était. en passant sur le pont de chemin de fer, elle ferma le yeux. seulement.

08/05/2009

brève2nuit [145]

le train rentrait en gare. il était 23h52. 

07/05/2009

brève2nuit [144]

sans compter que l'air devenait pesant, collait aux poumons.

06/05/2009

brève2nuit [143]

le zoo. oui, le zoo. il fallait qu'elle s'y rende sans tarder.

05/05/2009

brève2nuit [142]

que de secrets enfouis dans les murs de cette chambre de bonne. elle entreprit de décoller le papier peint. le plâtre s'effrita comme s'il avait été atteint par l'ennui. des plaques entières s'éclatèrent sur le parquet. un anneau alla rouler sous le lit défait. elle ne perçut que le frottement infime du petit objet qui, libéré de sa secrète cachette, ne sut où s'arrêter. la plinthe le stoppa net. étourdi, il se stabilisa et attendit.

04/05/2009

brève2nuit [141]

l'odeur du pain d'épice flottait dans tout le haut de la rue Jacques Fernand

03/05/2009

brève2nuit [140]

souvenirs engloutis sous les pavés de la ville, perdus à jamais.
retour troublant sur un lieu déconstruit, c'était hier.
trace de l'existant, c'était avant.
pensées secrètes, c'est pour demain.
réalisation dans le temps d'un futur déjà écrit, ce sera pour après-demain.

02/05/2009

brève2nuit [139]

juste traverser la ville et attendre

01/05/2009

brève2nuit [138]

un pavé, deux pavés, trois pavés, quatre pavés, cinq pavés, douze pavés, trente et un pavés, trente-deux pavés, trente-trois pavés, soixante-dix pavés, quatre-vingt six pavés, cent pavés, six cents pavés, huit mille pavés, cent vingt mille pavés, et, et, et une route

30/04/2009

brève2nuit [137]

la ville naît de rien ou plutôt du tout. d'hier et de demain. aujourd'hui passe l'instant. l'instant d'un instantané qui fige le temps, glace l'espace et atteste d'un réel devenu irréel. 

29/04/2009

brève2nuit [136]

cette nuit, quelqu'un est parti en claquant la porte. quelqu'un a couru dans la rue et quelqu'un n'est jamais revenu. si par mégarde elle croise, à ce carrefour, quelqu'un ressemblant à quelqu'un, il lui sera très difficile de cacher à ce quelqu'un qu'il lui rappelle quelqu'un qu'elle aurait voulu retrouver pour simplement lui rappeler qu'il ne lui évoque personne…

28/04/2009

brève2nuit [135]

la gare, le quai, le train. pas là.

27/04/2009

brève2nuit [134]

ville du souvenir
ville des sentiments diffus
ville de l'oubli
ville des sensations fortes
ville de l'avenir
ville de l'exil
ville du retour
ville des détours
ville du sommeil
ville des pas perdus

26/04/2009

brève2nuit [133]

et la ville soupira…

25/04/2009

brève2nuit [132]

la porte claqua. le voile des rideaux frémit. son corps amortit le poids des pas descendant les marches de l'escalier en bois. elle resta sur place. saisie.

24/04/2009

brève2nuit [131]

sur un banc public elle s'est assise. droite. un moineau s'est délicatement posé sur son chapeau cloche. en guise de souvenir, il lui laissa une fiente. elle coule maintenant sur son épaule droite. 

23/04/2009

brève2nuit [130]

sur le bitume, des traces de peinture orange fluo, des flèches et un chiffre, 34

22/04/2009

brève2nuit [129]

un regard qui flotte au-dessus de la ville en ébullition
un pas pressé qui se heurte aux pavés
une épaule retenue qui s'esquive finalement
et le corps bascule dans un mouvement continu

15/04/2009

brève2nuit [128]

les pas pressés, les pas lointains, les pas oubliés, les pas dispersés, les pas repoussés, les pas diffusés, les pas encerclés, les pas perdus, les pas retrouvés, les pas inventés, les pas embarrassés, les pas diffus, les pas obscurs, les pas courus, les pas marchés, les pas comptés, les pas chantés, les pas de loup, les pas reconnus, les pas imaginés, les pas racontés, les pas écoutés, les pas enchantés, les pas sorciers, les pas inconnus, les pas cassés, les pas suspendus, les pas entortillés, les pas saccadés, les pas trompeurs, les pas qui vont qui viennent, les pas, ceux qui nous transportent et la conduisent vers son destin

14/04/2009

brève2nuit [127]

pas usés sur le bitume. des minutes, des heures, des jours entiers. frottement de la semelle de cuir sur le sol friable. un pas, une trace. lassitude. poursuite d'une ombre, d'un rien. et les pas emboîtaient les pas, sans s'arrêter.

13/04/2009

brève2nuit [126]

de la nuit elle ne trouva le sommeil. effrité, brisé, éparpillé. quel vide. dans un premier temps, l'expérience lui déplut, puis, atteinte par un fatalisme qu'elle connaissait bien, elle décida d'occuper ce temps. comme venu d'ailleurs, mais si familier cependant. ce temps dont la présence s'exerce régulièrement, aux mêmes heures, alors qu'elle dort. ce temps suspendu, elle le connaît ou plutôt le reconnaît. il est là et veille. cette nuit, c'est elle qui veille.

12/04/2009

brève2nuit [125]

et il courut le long de la voie de chemin de fer pour la rejoindre

11/04/2009

brève2nuit [124]

de sa fenêtre, elle contemplait la ville. muette

10/04/2009

brève2nuit [123]

1h37 du matin. elle entendit le bruit des bottes claquer sur les pavés, se rapprocher, s'intensifier et stationner au-dessus de sa fenêtre de chambre. la sueur perla à son front, son souffle s'épaissit. elle se raidit et crut défaillir lorsqu'elle entendit prononcer son nom avec une pointe d'accent qui lui rappelait les intonations gutturales d'une autre langue. puis, dans un sursaut de lucidité, elle se souvint que son patronyme était gravé sur sa boîte aux lettres.

09/04/2009

brève2nuit [122]

d'un coup, la rue s'assombrit. 19h01. seul le réverbère du milieu diffusa paresseusement un filet de luminosité. au loin, elle entendit des pas s'éloigner.

08/04/2009

brève2nuit [121]

la ville et ses fantômes, ombres espionnes témoins du temps qui s'écoule ou déboule dans le creux d'une vie solitaire

07/04/2009

brève2nuit [120]

lumière blafarde. ciel plombé, chargé d'épais nuages acier. et la pluie, la pluie dont l'objectif prendrait la forme d'une course à l'engloutissement d'une partie de la ville, la pluie tombe. assise sur son lit défait, voilà trois fois, trois fois qu'elle change de vêtements. des frissons parcourent son corps frêle. pourtant, il va falloir sortir, affronter l'humidité envahissante. marcher le long des façades encrassées aux gouttières éventrées. et ça fera ploc sur la fine toile du parapluie. elle enfile ses bottes, pose un dernier regard compatissant dans le miroir de l'entrée puis met ses escarpins dans un sac en plastique. à l'ouverture de la porte, une bourrasque s'engouffre. elle baisse la tête et sort.

06/04/2009

brève2nuit [119]

ville nouvelle
de verre et d'acier
ton âme s'est égarée

05/04/2009

brève2nuit [118]

à côté d'elle, une femme à la peau fripée comme un champ de terre asséché commanda un café goût caramel. quelle drôle d'idée pensa-t-elle. mais quand le garçon s'approcha, elle sut que plus tard, quand cette femme au vécu décalqué sur son visage anguleux quitterait sa place, elle en demanderait un. pour goûter

04/04/2009

brève2nuit [117]

une feuille virevolta au-dessus de sa tête. elle la suivit, mais trébucha et tomba. la feuille poursuivit sa course

03/04/2009

brève2nuit [116]

assise sous un arbre, les genoux repliés sous son menton, elle regardait tomber la pluie

02/04/2009

brève2nuit [115]

une note
cristalline
un silence
hésitant
un soupir
incertain
et puis plus rien

01/04/2009

brève2nuit [114]

l'attente
l'attente quand il n'y a rien à attendre
l'attente
l'attente quand rien ne se passe
l'attente
l'attente de rien
juste du rien

31/03/2009

brève2nuit [113]

une pensée lui vint à l'esprit, et si la nuit se renversait que deviendraient les étoiles ?

30/03/2009

brève2nuit [112]

un nuage obscurcit les mèches cendrées de son front, son oeil se ternit et son sourire éclatant s'effaça au profit d'une moue qui souligna les traits anguleux de son visage. elle remonta l'allée du parc sans se retourner. de la manche gauche de son manteau un couteau dépassait

29/03/2009

brève2nuit [111]

impossible de trouver la rue des lilas bleus. elle tournait le plan du quartier dans tous les sens, mais rien n'y fit. la rue s'était étrangement perdue quelque part dans sa mémoire. pourtant, il lui semblait qu'elle n'était pas si loin. bientôt, elle trouverait l'entrée de la rue et il ne lui resterait qu'à la traverser, la remonter dans toute sa longueur pour enfin retrouver le banc où ses initiales avaient été gravées par son premier amour

28/03/2009

brève2nuit [110]

de la rue montaient des bruits métalliques

27/03/2009

brève2nuit [109]

de la fenêtre de sa chambre, elle aperçut l'homme à l'imperméable beige. il tournait le coin de la rue. ce matin, il avait 7 minutes de retard.

26/03/2009

brève2nuit [108]

la montée des 347 marches fut rude. le souffle court, elle parvint à rejoindre le belvédère d'où elle put contempler toute la beauté de la ville.

25/03/2009

brève2nuit [107]

l'humidité la saisit alors que les réverbères s'éteignaient, seule, au milieu de nulle part, elle effleurait sa vie sans envisager demain

24/03/2009

brève2nuit [106]

elle poursuivit son chemin et longea le muret de la rue des bleuets, une canette de bière était posée en son milieu

23/03/2009

brève2nuit [105]

au bout de la rue, elle tourna à gauche et elle se dit qu'elle aurait pu ramasser les débris de la tuile et les jeter dans une poubelle où ils seraient tombés dans un bruit assourdissant qui aurait réveillé la curiosité de nombreux inconnus déjà accourus derrière leurs fenêtres aux vitres crasseuses, elle se dit qu'elle aurait pu les ramasser  

22/03/2009

brève2nuit [104]

du bout du pied, elle déplaça les restes de la tuile dans le caniveau et, satisfaite de son initiative, elle remonta la rue d'un pas appuyé en se remémorant la peur qu'elle avait ressentie, cette nuit, lorsque celle-ci s'était désolidarisée de ses compagnes pour dévaler la pente du toit et terminer sa chute dans la rue

21/03/2009

brève2nuit [103]

cette nuit, glissade, bruit inquiétant, brisure, une tuile est tombée du toit

20/03/2009

brève2nuit [102]

un volet claque, une porte grince, le plancher craque. dans l'appartement du dessus une ombre se glisse délicatement dans l'espace habité de remords desséchés, de pleurs évanouis et de cris étouffés

19/03/2009

brève2nuit [101]

troisième étage d'un immeuble en pierre de taille récemment rénové. une fenêtre voilée, sur la droite. toujours la même, avec cette étrangeté qui la caractérisait: tous les après-midi des jours pairs, quelque soit le temps, elle baillait. légèrement entrouverte, de manière à susciter un questionnement, une curiosité, un regret. le regret de ne pas savoir qui se tenait derrière cette fenêtre.

18/03/2009

brève2nuit [100]

troisième rang, siège de gauche contre la fenêtre, elle somnolait, bercée par les vibrations familières du bus 63

17/03/2009

brève2nuit [99]

pâle copie d'un corps qui se fond dans l'ombre du réverbère, le soir, et remonte la ruelle, et repasse sous un réverbère, un peu plus loin, pour atteindre le prochain carrefour, vide, vide de passants et silencieux comme si un événement avait secoué ce lieu courant d'air où les âmes se croisent sans jamais s'arrêter vraiment

16/03/2009

brève2nuit [98]

elle marcha jusqu'au coin de la rue et s'aperçut qu'elle avait oublié son sac au cinquième étage du numéro 27 de la rue du passant. machinalement, elle fit demi-tour. en s'approchant de l'entrée en question, elle décida de ne pas s'arrêter et de poursuivre son chemin

15/03/2009

brève2nuit [97]

comme si sa conscience la guidait vers un possible ailleurs

14/03/2009

brève2nuit [96]

elle voulait juste entendre sa voix une dernière fois

13/03/2009

brève2nuit [95]

elle est partie avec ces mots-là, avec ces mots-là dans son corps, son corps déchiré, épouvanté, exténué. elle est partie. sa chaussure gauche lui blessait le talon, mais à quoi bon, la gare routière n'était plus très loin.

12/03/2009

brève2nuit [94]

en regardant sa montre, elle s'aperçut que l'heure de son rendez-vous était passée

11/03/2009

brève2nuit [93]

elle regarda sa montre et nota l'heure tardive, 23h47

10/03/2009

brève2nuit [92]

n'en finit pas de grincer au-dessus comme si la femme s'était dit qu'elle pouvait marcher, marcher toute la nuit, marcher avec ses chaussures de ville à haut talons, ces talons hauts qui jamais ne semblaient épuisés par tant de pas exécutés, exécutés dans le minuscule espace d'une chambre de bonne où chaque millimètre était investi d'une fonction particulière, où le seul fait de se mouvoir impliquait une réflexion approfondie sur l'espace à occuper sans gaspiller le moindre de ces précieux millimètres qui malgré tout permettaient à un corps svelte et habille de se déplacer sans trop d'encombre, permettaient de redéfinir cette pièce de manière à marcher toute la nuit sans que quiconque ne s'aperçoive de la défaillance de cet univers ridicule et ainsi, elle marchait, marchait, marchait, sans état d'âme, sans se demander si elle était entendue, si ses pas étaient perçus comme une agression sonore ou comme une berceuse insolite et le temps qu'elle se pose cette question, les heures avançaient, bientôt le jour se manifesterait et

09/03/2009

brève2nuit [91]

le souvenir d'un regard interrogateur, d'un pas qui se perd dans le couloir, de bribes de paroles hésitantes. et le plancher qui n'en finit pas de grincer dans l'appartement du dessus.

08/03/2009

brève2nuit [90]

ville du souvenir, que reste-t-il de ce paysage intérieur? de ce vécu passé, dépassé, distancé, éloigné, édulcoré, transformé, déformé, cisaillé, dilaté, troué, persécuté, torturé, oublié, mais aussi enfoui, parti, nourri, pétri, réparti, pourri, infini, indéfini, que reste-t-il? un souvenir flou où rien ne semble vraiment réel ou irréel, où le souvenir s'est construit un chemin à travers des images anciennes, des flashes qui reviennent et s'installent dans un espace temps insaisissable.

07/03/2009

brève2nuit [89]

gare de la ville nouvelle, train n°2458, voie 4 bis, 5h38
une légère brise prometteuse traverse le quai…

06/03/2009

brève2nuit [88]

le square, lieu paisible, censé être paisible

05/03/2009

brève2nuit [87]

assise sur un banc 
légèrement courbée 
elle attend le bus

04/03/2009

brève2nuit [86]

l'hiver est là, bien là, l'hiver est là, installé dans une banalité décevante. la nuit aussi est là, froide, paralysante, à peine rassurante, déployant son voile sombre, légèrement transpercé par une lumière diffuse, celle de la ville noyée dans un brouillard de circonstance, écharpe flottante qui s'effiloche, qui vire au gris, qui perd un bout, un bout de rien, car le brouillard n'investit rien de bien précis, rien de réellement matériel et passer sa main au travers n'avance à rien, alors rien faire, rien envisager, seulement attendre, attendre que la ville s'endeuille de l'hiver, lève le voile et accueille le printemps comme il se doit.

03/03/2009

brève2nuit [85]

vertige du temps qui passe
à la bordure de la ville
frontière où tout se joue
limite de l'existence
va-t-elle un jour franchir
ce pont imaginaire
où l'espace entr'aperçu se meut parmi d'autre repères
où la route ébauchée mène vers un avenir en devenir
est-elle prête
son regard a franchi la ligne imaginaire
son corps ne la transgressera pas
pas encore

02/03/2009

brève2nuit [84]

tout ce qu'elle voit
c'est le silence
tout ce qu'elle entend
c'est l'absence
tout ce qu'elle touche
c'est le vide insondable
tout ce qu'elle goûte
c'est le fluide glacial d'un fleuve délabré
tout ce qu'elle sent
c'est l'absurdité de son existence

01/03/2009

brève2nuit [83]

le dernier train partira sans tarder
encore trois minutes avant que les portes ne se referment
il quittera le quai de cette gare déserte
sans état d'âme
à son allure
le nez au vent
loin des cœurs déchirés

28/02/2009

brève2nuit [82]

ville du souvenir
ville de l'exil
remplis son cœur de compassion
elle
qui erre parmi les morceaux
dispersés
de son être profond
elle
qui se perd entre les sentiers
déformés
de son avenir incertain
elle
qui hésite à entrer
vive et libérée
dans la venue d'un jour meilleur
ville du souvenir
deviens celle de sa pensée future
ville de l'exil
installe-là dans celle d'un demain libérateur

27/02/2009

brève2nuit [81]

ville du bout du monde
transie par la venue d'un blizzard précoce
souffle le vent
tombe la neige
et la ville s'endort
 

26/02/2009

brève2nuit [80]

elle aurait pu ouvrir la fenêtre
pourquoi ne l'a-t-elle pas fait ?

25/02/2009

brève2nuit [79]

ce matin
rue de l'avenir
un suicide…

24/02/2009

brève2nuit [78]

ville de silence
ville inexistante
ville déplaisante
oubli
qui
oubli
oubli
quand
ville du silence
ville de l'ennui
ville de nulle part
oubli
qui
oubli
oubli
quand
ville 
ville
ville

23/02/2009

brève2nuit [77]

reflet du soleil sur la vitre
éblouissement
étourdissement
cerveau fêlé
vitre fêlée
plus de reflet
seule la cassure
la brisure
et un saut…

22/02/2009

brève2nuit [76]

ploc ploc ploc 
bruit de ses chaussures sur le trottoir
le bruit s'éloigne
la femme aussi
au prochain
bruit

21/02/2009

brève2nuit [75]

tristesse d'un soir…
d'ivresse
seul
dans la ville

20/02/2009

brève2nuit [74]

marcher d'un pas cadencé
marcher, attraper les bulles laiteuses d'un avenir tourmenté
avoir conscience du poids du ciel sur ses épaules
marcher, penser que demain n'est plus très loin
avoir conscience d'une étrange proximité
marcher, s'enraciner dans un sol gluant de reproches
avoir conscience d'un monde en détresse
puis tourner le coin de la rue
et oublier l'essentiel

19/02/2009

brève2nuit [73]

l'attente
l'attente au bout de la rue
mortelle, l'attente
l'attente
l'attente du rien
quand rien ne se dit
quand rien ne se passe
quand rien n'existe
l'attente
l'attente du rien
du rien dehors
du rien dedans
du rien jamais plus
l'attente
l'attente transie
l'attente saisie
l'attente toujours
l'attente du rien
l'attente
fini partir
fini l'oubli
fini les cris
l'attente du rien
l'attente
l'attente ennui
l'attente souvenir
l'attente infini
l'attente du rien
l'attente
l'attente au coin de la rue
légère
superficielle
existentielle
l'attente du rien
l'attente
l'attente
l'attente
et toujours rien

18/02/2009

brève2nuit [72]

elle eut cette envie soudaine de monter sur le toit terrasse de l'immeuble. entre chien et loup. elle vit les lumières de la ville s'allumer quartier par quartier. c'était drôle. elle se demandait si l'ordre d'éclairage était respecté chaque fin de journée. elle devrait recommencer cette expérience les jours suivants. noter sur un carnet d'où ça partait, où ça finissait. être attentive à ce fonctionnement dont tous se contrefichaient. elle, elle serait dans cette confidence-là, dans ce petit rien qui illumine ses pensées. qui lui ferait oublier, juste oublier.

17/02/2009

brève2nuit [71]

elle claqua la porte
lâcha un juron
descendit l'escalier quatre à quatre
et se demanda
une fois en bas des marches
si elle ne devrait pas remonter

16/02/2009

brève2nuit [70]

elle arriva par le premier train du matin
elle repartit par le dernier train du soir
entre
rien

15/02/2009

brève2nuit [69]

l'escalier aux 29 marches, raide, étroit, emporte son pas hésitant. elle ouvre la porte. un vent glacial fouette son visage déjà ravagé par de profondes gerçures. son corps se ratatine comme une vieille golden desséchée. elle marche, enfin, met un pied devant l'autre lentement. elle s'applique. il faut pourtant qu'elle sorte. il le faut. alors, sans se poser la moindre question, elle part dans cette direction. nord nord-est. et elle revient dans l'autre. sud sud-ouest. souvent à la tombée de la nuit. et elle se demande, avant de remonter les 29 marches, quand est-ce que cela finira.

14/02/2009

brève2nuit [68]

il la vit tourner le coin de la rue. surtout ne pas perdre sa trace. être attentif. anticiper.
elle, longues enjambées régulières. descend la rue des cyprès. lui, zigzagant d'un pas saccadé entre les passants.
elle, cheveux au vent. libre. lui, chauve et hésitant.
elle, insouciante. lui, il sait.
elle, surtout la protéger. lui, à deux doigts de l'embarquer.
pan ! [coup de feu].
elle, trébuche et tombe. lui, surpris, s'entrave , chute sur son corps, à elle.
elle, touchée coulée. lui, pas assez doué, filature terminée.
il la vit, corps étalé sur la chaussée. surtout ne pas s'arrêter. continuer.

13/02/2009

brève2nuit [67]

ville désert
ville nouvelle
ville ouverte
ville libre
ville guerrière
ville marshmallow
ville hirondelle
ville oblique
ville virile
ville poisson
ville poison
ville option
ville rivière
ville passagère
ville macabre
ville inondable
mais toujours 
ville désert

12/02/2009

brève2nuit [66]

et si demain
la ville
ailleurs
et si ailleurs
demain
la ville
plus loin
ou bien
ici
à voir
à sentir
à saisir
à entendre
à vomir
à expulser
à trépigner
à enlever
à effacer
à extorquer
à dévaler
à ensevelir
à défenestrer
la fenêtre
la vitre
l'éclat
le sang
la tache
la silhouette à la craie
le vide
la ville

11/02/2009

brève2nuit [65]

la ville aux mille visages
s'endort sous les projecteurs
artifice d'un soir
la ville aux mille facettes
se réveille défaite
flétrie dans sa parure de nuit
la ville aux mille paillettes
victime du succès
évanouie dans l'oubli

10/02/2009

brève2nuit [64]

marcher
marcher avec la nuit à côté
marcher avec la nuit en dedans
en dedans de soi
en dedans du corps
en dedans de soi
en dedans du corps
en dedans de soi
marcher avec la nuit en dedans
marcher avec la nuit à côté
marcher

09/02/2009

brève2nuit [63]

l'angoisse remonte, reprend sa place, s'installe
comme une invitée insolente, imposante, indésirable
dehors les rafales s'engouffrent dans ce qui reste de végétation
dans ce qui reste d'obstacles dérisoires,
face à cette course folle
se déployant sur une épine dorsale sensible
trop sensible
alors, l'attente va se prolonger tard dans la nuit
et la montée des eaux aura certainement lieu

08/02/2009

brève2nuit [62]

elle descendait cette rue étroite…


07/02/2009

brève2nuit [61]

et le mur se brisa
derrière
une vision dantesque
était-ce nécessaire?

06/02/2009

brève2nuit [60]

au bout de la rue
la nuit

05/02/2009

brève2nuit [59]

elle se disait qu'elle n'avait pas le désir de quitter son lit. aujourd'hui. pourquoi ne pas rester là. les volets fermés comme si la nuit allait durer des heures, comme si elle avait perdu la notion du temps qui passe, du rythme des journées, des changements de luminosité. elle se disait que personne ne l'attendrait, que personne ne serait sensible à son absence quelque part, que personne ne viendrait la chercher, s'inquiéter de son état, de son bien être, de sa vie. alors pourquoi ne pas tenter l'expérience? elle se disait qu'il était important pour elle de ne pas quitter son lit. ce matin. le noir. les volets clos. le jour ressemblant à la nuit. la nuit dans les yeux. les yeux dans le vague. le vague au bord de l'âme. l'âme en vrac. et le vrac … où, le vrac ? dans sa vie.

04/02/2009

brève2nuit [58]

elle se disait qu'elle monterait bien rejoindre sa chambre de bonne aux odeurs fortes de moisi, qu'il était temps pour elle de mettre un terme à son errance du jour, que la nuit tombait et que l'humidité l'enveloppait déjà d'un long frisson. elle se disait qu'il serait plus raisonnable d'éviter de prendre froid, d'éviter l'hôpital comme la dernière fois, d'éviter les longues nuits de veille à écouter les échos éteints des couloirs désertés. elle se disait qu'elle ne souhaitait plus revivre ces moments de profonde solitude, que finalement, dans la rue, c'était mieux. le monde passait.

03/02/2009

brève2nuit [57]

elle se disait qu'il était peut-être temps de changer les meubles de place. elle se disait que son deux pièces était devenu bien trop petit pour accueillir cette multitude de petits objets inutiles, venus encombrer tous les recoins de son espace vital. elle se disait qu'il lui faudrait aussi envisager se débarrasser d'un nombre conséquent de ces babioles qui n'ont de cesse que de scotcher les quelques centimètres carré qui leur sont alloués. c'est avec plaisir qu'elle les ferait disparaître au fond d'une immense poubelle. celle qui fait le pied de grue devant la porte à deux battants de son immeuble. elle jetterait sans remords les quelques sacs récoltés et attendrait avec impatience le bruit qu'ils feraient en s'entrechoquant avant de s'éventrer, de s'exploser, de s'éclater dans la poubelle complice de ce petit meurtre prémédité. 

02/02/2009

brève2nuit [56]

elle se disait que ce n'était peut-être pas une bonne idée d'avoir pris ce bus hier soir en direction de la ville. elle se disait que maintenant qu'elle était là, debout, sur le quai du terminus, vide de monde, vide de sens, elle ressentait de drôles de choses. elle serrait fort son sac à main sur sa hanche. sa valise reposait tout contre sa jambe gauche et son cœur s'emballait. s'emballait. souffle court. souffle court. yeux exorbités. yeux exorbités. elle ne se disait plus rien. plus rien. tétanisée par la peur, elle regrettait. peut-être. encore plus maintenant. un homme s'approcha. elle ne l'avait pas entendu. il posa sa main sur son épaule. un cri sortant d'une caverne inconnue retentit. un cri affreux. un cri à vous terroriser pendant des heures, des jours. un cri rocailleux. un cri en extinction. un cri muet. visage déformé, décomposé, détruit. un puzzle a reconstruire. et devant lui, une folle, un pantin démembré. une crise de nerfs. oh bien plus qu'une crise de nerfs. un ouragan. et l'homme perdit l'équilibre, tituba et continua sa route.

01/02/2009

brève2nuit [55]

elle se disait qu'elle pourrait sortir, prendre l'air, aller se promener, se changer les idées. elle se disait qu'il n'était pas trop tard, quelle avait encore le temps d'attraper un tramway et de fouler l'herbe flétrie du jardin des douces pensées. elle se disait que oui, c'était une bonne idée. le temps se rafraîchissait, mais le fond de l'air la stimulerait dans sa promenade tardive. elle se voyait déjà enfilant son manteau en lainage usé par les longs hivers tristes et glacés qui faisaient partie de sa petite vie sans joie ni tragédie d'ailleurs. elle se disait que pour une fois, elle pourrait prendre le tramway, celui qui passe au coin de sa rue, celui qui la nargue tout les jours dès qu'elle sort comme s'il lui en voulait de ne pas suivre son trajet, comme s'il voulait lui faire regretter son manque d'attention. s'il savait. elle se disait qu'elle reviendrait par les rues et les ruelles du quartier, celles qui longent la voie de chemin de fer désaffectée. elle marcherait d'un bon pas, juste pour garder le rythme de la marche, pour ne pas se laisser distraire sur le chemin du retour. des images flotteraient dans sa tête et elle se laisserait bercer par le doux parfum des mimosas en fleur. elle se disait qu'il serait agréable de rentrer et de se faire chauffer un bol de lait qu'elle sentirait s'écouler le long de sa trachée. des instants de charme, des petits riens de plénitude. elle se disait que le temps passait vite et que le bol de lait, elle le dégusterait bien sans tarder. elle se remémorait toutes ces pensées lorsque le dernier tramway vint à passer.

31/01/2009

brève2nuit [54]

marcher, marcher, marcher
s'enfoncer dans les rues étroites, profondes, sombres
là où le froid s'installe quotidiennement
là où jamais le soleil ne plonge
là où l'humidité ronge les esprits chagrins
marcher, marcher, marcher
s'engouffrer dans des impasses nauséabondes, écœurantes, dégoûtantes
là où l'issue est certaine
là où personne ne se promène
là où la fin s'inscrit sur les portes défoncées
marcher, marcher, marcher
se terrer dans un coin 
là où même les chiens errants ne vont plus
là où règne la déchéance
là où plus rien n'existe
marcher, marcher, marcher
et puis se taire à jamais

30/01/2009

brève2nuit [53]

7h58
rue des secrets
elle et lui
lui et elle

8h07
rue d'amsterdam
lui et elle
elle et lui

8h42
rue de la verrière
elle et elle
lui et lui

9h28
rue des fossiles
elle et toi
toi et lui

10h00
rue des souvenirs
elle et lui
sur une plaque


29/01/2009

brève2nuit [52]

front de mer. ville de front de mer. promenade en front de mer. première ligne. ils furent. tous sauvagement agressés par des tonnes de liquide salé. front de rien. front pour rien. rien du front. c'est toute l'absurdité du propos.

28/01/2009

brève2nuit [51]

la ville, mutilée. la ville traumatisée. la ville, plaie béante, panse ses entailles, contusions, fêlures, ecchymoses, cicatrices. choquée par la violence des coups portés. ébranlée par tant d'épreuves à surmonter. la ville, fière, relève la tête, retrousse les manches et reconstruit demain. 

27/01/2009

brève2nuit [50]

absence de brise. montée du silence. moite. pesant. enrobant. un monde étrange prend place, installe des intervalles. des pauses de plus en plus étirées, de plus en plus espacées. formation d'un vide insondable, immatériel, impalpable. dans nos consciences, une alarme branche ses antennes. bip, bip, bip. l'attente commence. insupportable, incontrôlable, imprévisible. 4h26, marée haute, coefficient 58. heureusement. tous le pensent, personne ne le dit. évitée, la marée d'équinoxe. le vent forcit. les rafales deviennent puissantes, imposantes, tourbillonnantes. retenir son souffle. faire comme si. écouter les inquiétants rugissements d'un élément déchaîné. attendre le levé du jour. espérer un passage rapide. prier. pourquoi pas. 8h00, l'heure entre. premières lueurs. cauchemar. désolation. les rafales se succèdent. toujours, encore. pour combien de temps. le front passe, lentement. épuisement. découragement. pleurs. colère. c'est la valse des pins. tête en bas. cassés, blessés, éventrés, écorchés, décapités, sectionnés, défigurés, dévastés, explosés. 

26/01/2009

brève2nuit [49]

quand la ville silence
quand la ville attente
quand la ville écoute
quand la ville redoute
quand la ville veille
quand la ville sursaute
quand la ville rouspète
quand la ville retient son souffle
quand la ville à peur
quand la ville tempête
quand la ville chavire
quand la ville subit
quand la ville résiste
quand la ville craque
quand la ville inonde
quand la ville égratignée
quand la ville blessée
quand la ville éventrée
quand la ville déchirée
quand la ville traumatisée
quand la ville défoncée
quand la ville essoufflée
quand la ville exténuée
quand la ville meurtrie
quand la ville défigurée
quand la ville démunie
quand la ville panse
quand la ville rassure
quand la ville avance
quand la ville après

25/01/2009

brève2nuit [48]

ville muette, ville défaite, ville meurtrie. black-out 2.

24/01/2009

brève2nuit [47]

tempête sur la ville. black-out

23/01/2009

brève2nuit [46]

à petits pas, à petit temps, à pas lents, à temps là
cliché, elle promène son chien
son chien au bout de la laisse
la laisse de cuir
cuir
à grands pas, à gros temps, à pas de géant, à temps plein

22/01/2009

brève2nuit [45]

comme un guetteur, comme un veilleur, comme un imposteur, l'homme au feutre noir, emmitouflé dans sa gabardine au col relevé, arpente la rue.

21/01/2009

brève2nuit [44]

dans la chambre du fond, un nourrisson dort. la fenêtre ouverte invite à humer les senteurs des mimosas en fleur. l'air introduit un brin de fraîcheur et tapisse la pièce d'un avenir aux accents incertains. posée sur la commode ancienne, à droite de la fenêtre, une vieille horloge bat la mesure en claudiquant. le miroir pose, de travers. le portrait d'une ancêtre, d'habitude si jovial, se tord et se craquelle en une grimace déplaisante. un léger souffle traverse la pièce et se rompt. une porte s'ouvre brutalement. un cri déchirant absorbe tout l'espace. un miaulement strident lui fait écho. la bête sauvage s'enfuit par la fenêtre toujours ouverte. dans la chambre du fond, un nourrisson dort, pour toujours.

20/01/2009

brève2nuit [43]

le corps qui bouge, le corps qui marche, le corps qui respire, le corps qui se tortille, le corps qui, le corps qui, le corps qui
dans la nuit profonde d'une ville sans sommeil
le corps qui se tord, le corps qui transpire, le corps qui s'étire, le corps qui vomit, le corps qui pourrit, le corps qui, le corps qui, le corps qui
dans le square glacial d'un matin sans lendemain
le corps qui s'enfuit, le corps qui persiste, le corps qui grossit, le corps qui s'ennuie, le corps qui sourit, le corps qui s'appuie, le corps qui, le corps qui, le corps qui
dans le jour qui se désagrège sans espoir de retour

19/01/2009

brève2nuit [42]

quel est le nom de cette rue?
t'en souviens-tu?
tu sais, celle qui t'a vu naître?

étrangeté des noms de rue qui nous échappent, dorment dans l'ombre de notre mémoire sans vraiment remonter à la surface. engloutis à jamais.

rue du moulin, rue des remparts, impasse du souvenir, cours des quatre saisons, rue des fleurs,
rue de la messagerie, boulevard du retour, rue des incertains, rue de la roue, impasse du levant, promenade du château d'eau, rue des revenants, cours du mascaret, impasse de l'entrepôt,

et bien d'autres encore.

17/01/2009

brève2nuit [41]

tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche tête d'affiche

brève2nuit [40]

oublier le flux tendu des passants pressés dans la rue
oublier les regards vides croisés à la sauvette dans la rue
oublier les regards droits, billes fixes dans la rue
oublier les regards provocateurs, feux de paille dans la rue

oublier le violent coup d'épaule d'un piéton courant dans la rue
oublier la bousculade, corps tendus, corps branlants dans la rue
oublier la dégringolade de la 347e marche de l'escalier dans la rue
oublier l'empoignade de deux hommes dans la rue

oublier les vapeurs d'essence dans la rue
oublier les bruits parasites dans la rue
oublier les odeurs des poubelles éventrées dans la rue

oublier l'instant d'avant dans la rue
dépasser l'ennui de l'attente dans la rue
partir vers un ailleurs lointain dans la rue

16/01/2009

brève2nuit [39]

le jour se lève sur la ville encore endormie. ville de papier mâché. ville de cartons superposés, éventrés. illusion d'un petit matin tranquille qui n'en finit pas de répéter la scène du lever. arrêt sur image. gros plan. coupez!

15/01/2009

brève2nuit [38]

le froid le vent
le froid la neige
le froid la glace
le froid le verglas
tétanisée par des températures négatives
la ville grince tel un gond jamais entretenu
le vent la pluie
le vent la tempête
le vent le grésil
perdue dans des limbes mystérieuses
la ville glisse progressivement sur les pentes de l'oubli
la pluie l'orage
la pluie le nuage
rincée par une averse torrentielle
la ville flotte parmi les soupirs de désolation
l'orage un cri
ensevelie dans l'abîme indéfini des souvenirs égarés
la ville s'abandonne au néant
un cri

14/01/2009

brève2nuit [37]

sous le pont de la ville, une vie s'organise — cartons, journaux, sacs poubelle, caddie, couverture déchirée, casserole cabossée, cuillère tordue, réchaud de fortune, bassine éventrée, bonnet mité, mitaines trouées, écharpe Old River, manteau élimé, corps recroquevillé, respiration saccadée, os glacés — et la neige continue de tomber.

13/01/2009

brève2nuit [36]

ville qui brûle
ville qui souffre
ville touchée dans son cœur
ville qui crie
ville qui hurle
ville déchirée dans son âme
ville qui se détruit
ville qui se ratatine
ville emportée par un souffle destructeur
ville poussière
ville cimetière

12/01/2009

brève2nuit [35]

elle entendit les semelles ferrées de l'homme résonner dans la rue. ce soir encore, à l'heure où la nuit bascule vers un autre jour, il était là, faisant les cents pas sous sa fenêtre. au travers des lattes des persiennes, elle avait repéré sa silhouette élancée revêtue d'un imperméable couleur sable au col soigneusement relevé et coiffé d'un chapeau en feutre tellement sombre qu'il lui était impossible d'entrevoir les traits de son visage. cet inconnu, à la précision d'un métronome, lui glaçait le sang. sa présence représentait un mystère. pour endormir sa frayeur, elle compta les pas. vingt-sept de gauche à droite et vingt-six de droite à gauche. en aurait-elle manqué un? un mois venait de s'écouler et cet inconnu prenait une place qu'il n'aurait jamais dû occuper. elle se mit à l'attendre. espérer qu'il arrive plus tôt. et s'il ne venait plus? dès qu'elle repérait le rythme de sa marche, sa peur reprenait le dessus. sa raison s'anéantissait sous l'effet du retour de l'inconnu. elle aurait préféré qu'il cesse ce jeu stupide sur le champ. une nuit de décembre, plutôt douce pour la saison, une jeune femme menue, dont le regard ne captait plus les petits signes de la vie, s'approcha de lui. il se retourna et eut juste le temps de rattraper son corps qui basculait sur la chaussée. il emporta la femme dans ses bras et depuis ce jour-là, jamais elle ne le revit, mais le son des pas claquant sur le trottoir habitent toujours sa mémoire.

11/01/2009

brève2nuit [34]

dans la rue saint-pétersbourg, la neige fond.

10/01/2009

brève2nuit [33]

derrière le restaurant de la rue des vautours, les couvercles des poubelles volent.

09/01/2009

brève2nuit [32]

plus le choix. elle doit partir. tout laisser derrière elle. dehors un froid intense transperce violemment la fine étoffe de son manteau. pas le choix. affronter l'hiver glacial. surmonter ses peurs. chevaucher ses doutes et les larguer quelque part au fond d'une impasse à sens unique. avancer à pas lents, face au vent et tenter une feinte pour échapper à la rafale la plus affirmée. se dire que ce n'est décidément pas le jour pour entreprendre ce genre de départ. pas le choix. se dire que finalement la situation pourrait être pire. pas le choix. se réconforter en pensant que ce serait fait. pas le choix. et puis oublier le froid, le vent, les rafales et la peur. se mettre à courir. entendre ses pas résonner dans la rue. vide. vide de ses mouvements habituels. se souvenir de ce qu'elle était. se souvenir de l'instant d'avant et projeter le suivant dans un espace meilleur. pas le choix.

07/01/2009

brève2nuit [31]

un ballet au fond de l'impasse
et quoi de plus
un ballet au fond de l'impasse
et tombe la nuit

brève2nuit [30]

fuir la ville de nuit
entamer une longue marche éprouvante
sentir le regard intérieur
écarter les morsures du vent, craquelures et engelures
délaisser les valises plombées
égrainer les souvenirs le long de la route de l'exil
cacher l'argent gagné dans la doublure d'un manteau
protéger les bijoux précieux dans les revers du pantalon
soupirer profondément
témoigner du vide existentiel d'un départ précipité
soutenir les corps amputés de leur force
et une vie en devenir

06/01/2009

brève2nuit [29]

lignes fuyantes des villes au profil géométrique

05/01/2009

brève2nuit [28]

une écharpe s'envole
s'enfonce dans la nuit profonde
pour se perdre au bord de nulle part
elle était rouge
rouge sang
comme le sang qui coule maintenant le long du caniveau
comme le sang qui appartient à cet homme
cet homme étendu sur le trottoir
un couteau planté entre les deux omoplates

04/01/2009

brève2nuit [27]

pourquoi quelqu'un

03/01/2009

brève2nuit [26]

les semelles blanches de ses chaussures neuves
c'est tout ce dont elle se souvient
les semelles blanches de ses chaussures neuves

zoom arrière
un attroupement de gens abasourdis
des petits cris étouffés
des regards qui se détournent
des visages qui pâlissent

zoom avant
elle se fraie un passage
encore une rangée d'individus incrédules
bandes de limitation de périmètre
elle atteint la zone de non retour

une fillette en robe blanche
baigne dans une mare de sang écarlate
son sang
le trottoir est souillé
pour un temps seulement

les semelles blanches de ses chaussures neuves
c'est tout ce dont elle se souvient
les semelles blanches de ses chaussures neuves

02/01/2009

brève2nuit [25]

une ligne de tramway s'est perdue quelque part dans la ville
une ligne de tramway s'est perdue quelque part dans la ville
une ligne de tramway s'est perdue quelque part dans la ville
une ligne de tramway s'est perdue quelque part dans la ville
une ligne de tramway s'est perdue quelque part dans la ville
une ligne de tramway s'est perdue quelque part dans la ville
une ligne de tramway s'est perdue quelque part dans la vile
connaissez-vous la nouvelle?
une ligne de tramway s'est perdue quelque part dans la ville

01/01/2009

brève2nuit [24]

la pluie ruisselle dans tous les caniveaux de la ville. l'eau s'échappe, insaisissable, ininterrompue. flux continu qui s'enfuit vers un destin incertain.