28/02/2009

brève2nuit [82]

ville du souvenir
ville de l'exil
remplis son cœur de compassion
elle
qui erre parmi les morceaux
dispersés
de son être profond
elle
qui se perd entre les sentiers
déformés
de son avenir incertain
elle
qui hésite à entrer
vive et libérée
dans la venue d'un jour meilleur
ville du souvenir
deviens celle de sa pensée future
ville de l'exil
installe-là dans celle d'un demain libérateur

27/02/2009

brève2nuit [81]

ville du bout du monde
transie par la venue d'un blizzard précoce
souffle le vent
tombe la neige
et la ville s'endort
 

26/02/2009

brève2nuit [80]

elle aurait pu ouvrir la fenêtre
pourquoi ne l'a-t-elle pas fait ?

25/02/2009

brève2nuit [79]

ce matin
rue de l'avenir
un suicide…

24/02/2009

brève2nuit [78]

ville de silence
ville inexistante
ville déplaisante
oubli
qui
oubli
oubli
quand
ville du silence
ville de l'ennui
ville de nulle part
oubli
qui
oubli
oubli
quand
ville 
ville
ville

23/02/2009

brève2nuit [77]

reflet du soleil sur la vitre
éblouissement
étourdissement
cerveau fêlé
vitre fêlée
plus de reflet
seule la cassure
la brisure
et un saut…

22/02/2009

brève2nuit [76]

ploc ploc ploc 
bruit de ses chaussures sur le trottoir
le bruit s'éloigne
la femme aussi
au prochain
bruit

21/02/2009

brève2nuit [75]

tristesse d'un soir…
d'ivresse
seul
dans la ville

20/02/2009

brève2nuit [74]

marcher d'un pas cadencé
marcher, attraper les bulles laiteuses d'un avenir tourmenté
avoir conscience du poids du ciel sur ses épaules
marcher, penser que demain n'est plus très loin
avoir conscience d'une étrange proximité
marcher, s'enraciner dans un sol gluant de reproches
avoir conscience d'un monde en détresse
puis tourner le coin de la rue
et oublier l'essentiel

19/02/2009

brève2nuit [73]

l'attente
l'attente au bout de la rue
mortelle, l'attente
l'attente
l'attente du rien
quand rien ne se dit
quand rien ne se passe
quand rien n'existe
l'attente
l'attente du rien
du rien dehors
du rien dedans
du rien jamais plus
l'attente
l'attente transie
l'attente saisie
l'attente toujours
l'attente du rien
l'attente
fini partir
fini l'oubli
fini les cris
l'attente du rien
l'attente
l'attente ennui
l'attente souvenir
l'attente infini
l'attente du rien
l'attente
l'attente au coin de la rue
légère
superficielle
existentielle
l'attente du rien
l'attente
l'attente
l'attente
et toujours rien

18/02/2009

brève2nuit [72]

elle eut cette envie soudaine de monter sur le toit terrasse de l'immeuble. entre chien et loup. elle vit les lumières de la ville s'allumer quartier par quartier. c'était drôle. elle se demandait si l'ordre d'éclairage était respecté chaque fin de journée. elle devrait recommencer cette expérience les jours suivants. noter sur un carnet d'où ça partait, où ça finissait. être attentive à ce fonctionnement dont tous se contrefichaient. elle, elle serait dans cette confidence-là, dans ce petit rien qui illumine ses pensées. qui lui ferait oublier, juste oublier.

17/02/2009

brève2nuit [71]

elle claqua la porte
lâcha un juron
descendit l'escalier quatre à quatre
et se demanda
une fois en bas des marches
si elle ne devrait pas remonter

16/02/2009

brève2nuit [70]

elle arriva par le premier train du matin
elle repartit par le dernier train du soir
entre
rien

15/02/2009

brève2nuit [69]

l'escalier aux 29 marches, raide, étroit, emporte son pas hésitant. elle ouvre la porte. un vent glacial fouette son visage déjà ravagé par de profondes gerçures. son corps se ratatine comme une vieille golden desséchée. elle marche, enfin, met un pied devant l'autre lentement. elle s'applique. il faut pourtant qu'elle sorte. il le faut. alors, sans se poser la moindre question, elle part dans cette direction. nord nord-est. et elle revient dans l'autre. sud sud-ouest. souvent à la tombée de la nuit. et elle se demande, avant de remonter les 29 marches, quand est-ce que cela finira.

14/02/2009

brève2nuit [68]

il la vit tourner le coin de la rue. surtout ne pas perdre sa trace. être attentif. anticiper.
elle, longues enjambées régulières. descend la rue des cyprès. lui, zigzagant d'un pas saccadé entre les passants.
elle, cheveux au vent. libre. lui, chauve et hésitant.
elle, insouciante. lui, il sait.
elle, surtout la protéger. lui, à deux doigts de l'embarquer.
pan ! [coup de feu].
elle, trébuche et tombe. lui, surpris, s'entrave , chute sur son corps, à elle.
elle, touchée coulée. lui, pas assez doué, filature terminée.
il la vit, corps étalé sur la chaussée. surtout ne pas s'arrêter. continuer.

13/02/2009

brève2nuit [67]

ville désert
ville nouvelle
ville ouverte
ville libre
ville guerrière
ville marshmallow
ville hirondelle
ville oblique
ville virile
ville poisson
ville poison
ville option
ville rivière
ville passagère
ville macabre
ville inondable
mais toujours 
ville désert

12/02/2009

brève2nuit [66]

et si demain
la ville
ailleurs
et si ailleurs
demain
la ville
plus loin
ou bien
ici
à voir
à sentir
à saisir
à entendre
à vomir
à expulser
à trépigner
à enlever
à effacer
à extorquer
à dévaler
à ensevelir
à défenestrer
la fenêtre
la vitre
l'éclat
le sang
la tache
la silhouette à la craie
le vide
la ville

11/02/2009

brève2nuit [65]

la ville aux mille visages
s'endort sous les projecteurs
artifice d'un soir
la ville aux mille facettes
se réveille défaite
flétrie dans sa parure de nuit
la ville aux mille paillettes
victime du succès
évanouie dans l'oubli

10/02/2009

brève2nuit [64]

marcher
marcher avec la nuit à côté
marcher avec la nuit en dedans
en dedans de soi
en dedans du corps
en dedans de soi
en dedans du corps
en dedans de soi
marcher avec la nuit en dedans
marcher avec la nuit à côté
marcher

09/02/2009

brève2nuit [63]

l'angoisse remonte, reprend sa place, s'installe
comme une invitée insolente, imposante, indésirable
dehors les rafales s'engouffrent dans ce qui reste de végétation
dans ce qui reste d'obstacles dérisoires,
face à cette course folle
se déployant sur une épine dorsale sensible
trop sensible
alors, l'attente va se prolonger tard dans la nuit
et la montée des eaux aura certainement lieu

08/02/2009

brève2nuit [62]

elle descendait cette rue étroite…


07/02/2009

brève2nuit [61]

et le mur se brisa
derrière
une vision dantesque
était-ce nécessaire?

06/02/2009

brève2nuit [60]

au bout de la rue
la nuit

05/02/2009

brève2nuit [59]

elle se disait qu'elle n'avait pas le désir de quitter son lit. aujourd'hui. pourquoi ne pas rester là. les volets fermés comme si la nuit allait durer des heures, comme si elle avait perdu la notion du temps qui passe, du rythme des journées, des changements de luminosité. elle se disait que personne ne l'attendrait, que personne ne serait sensible à son absence quelque part, que personne ne viendrait la chercher, s'inquiéter de son état, de son bien être, de sa vie. alors pourquoi ne pas tenter l'expérience? elle se disait qu'il était important pour elle de ne pas quitter son lit. ce matin. le noir. les volets clos. le jour ressemblant à la nuit. la nuit dans les yeux. les yeux dans le vague. le vague au bord de l'âme. l'âme en vrac. et le vrac … où, le vrac ? dans sa vie.

04/02/2009

brève2nuit [58]

elle se disait qu'elle monterait bien rejoindre sa chambre de bonne aux odeurs fortes de moisi, qu'il était temps pour elle de mettre un terme à son errance du jour, que la nuit tombait et que l'humidité l'enveloppait déjà d'un long frisson. elle se disait qu'il serait plus raisonnable d'éviter de prendre froid, d'éviter l'hôpital comme la dernière fois, d'éviter les longues nuits de veille à écouter les échos éteints des couloirs désertés. elle se disait qu'elle ne souhaitait plus revivre ces moments de profonde solitude, que finalement, dans la rue, c'était mieux. le monde passait.

03/02/2009

brève2nuit [57]

elle se disait qu'il était peut-être temps de changer les meubles de place. elle se disait que son deux pièces était devenu bien trop petit pour accueillir cette multitude de petits objets inutiles, venus encombrer tous les recoins de son espace vital. elle se disait qu'il lui faudrait aussi envisager se débarrasser d'un nombre conséquent de ces babioles qui n'ont de cesse que de scotcher les quelques centimètres carré qui leur sont alloués. c'est avec plaisir qu'elle les ferait disparaître au fond d'une immense poubelle. celle qui fait le pied de grue devant la porte à deux battants de son immeuble. elle jetterait sans remords les quelques sacs récoltés et attendrait avec impatience le bruit qu'ils feraient en s'entrechoquant avant de s'éventrer, de s'exploser, de s'éclater dans la poubelle complice de ce petit meurtre prémédité. 

02/02/2009

brève2nuit [56]

elle se disait que ce n'était peut-être pas une bonne idée d'avoir pris ce bus hier soir en direction de la ville. elle se disait que maintenant qu'elle était là, debout, sur le quai du terminus, vide de monde, vide de sens, elle ressentait de drôles de choses. elle serrait fort son sac à main sur sa hanche. sa valise reposait tout contre sa jambe gauche et son cœur s'emballait. s'emballait. souffle court. souffle court. yeux exorbités. yeux exorbités. elle ne se disait plus rien. plus rien. tétanisée par la peur, elle regrettait. peut-être. encore plus maintenant. un homme s'approcha. elle ne l'avait pas entendu. il posa sa main sur son épaule. un cri sortant d'une caverne inconnue retentit. un cri affreux. un cri à vous terroriser pendant des heures, des jours. un cri rocailleux. un cri en extinction. un cri muet. visage déformé, décomposé, détruit. un puzzle a reconstruire. et devant lui, une folle, un pantin démembré. une crise de nerfs. oh bien plus qu'une crise de nerfs. un ouragan. et l'homme perdit l'équilibre, tituba et continua sa route.

01/02/2009

brève2nuit [55]

elle se disait qu'elle pourrait sortir, prendre l'air, aller se promener, se changer les idées. elle se disait qu'il n'était pas trop tard, quelle avait encore le temps d'attraper un tramway et de fouler l'herbe flétrie du jardin des douces pensées. elle se disait que oui, c'était une bonne idée. le temps se rafraîchissait, mais le fond de l'air la stimulerait dans sa promenade tardive. elle se voyait déjà enfilant son manteau en lainage usé par les longs hivers tristes et glacés qui faisaient partie de sa petite vie sans joie ni tragédie d'ailleurs. elle se disait que pour une fois, elle pourrait prendre le tramway, celui qui passe au coin de sa rue, celui qui la nargue tout les jours dès qu'elle sort comme s'il lui en voulait de ne pas suivre son trajet, comme s'il voulait lui faire regretter son manque d'attention. s'il savait. elle se disait qu'elle reviendrait par les rues et les ruelles du quartier, celles qui longent la voie de chemin de fer désaffectée. elle marcherait d'un bon pas, juste pour garder le rythme de la marche, pour ne pas se laisser distraire sur le chemin du retour. des images flotteraient dans sa tête et elle se laisserait bercer par le doux parfum des mimosas en fleur. elle se disait qu'il serait agréable de rentrer et de se faire chauffer un bol de lait qu'elle sentirait s'écouler le long de sa trachée. des instants de charme, des petits riens de plénitude. elle se disait que le temps passait vite et que le bol de lait, elle le dégusterait bien sans tarder. elle se remémorait toutes ces pensées lorsque le dernier tramway vint à passer.