27/09/2010

Je le voyais tous les quinze jours, quand il était de repos et qu'il rentrait à la maison, à la nuit tombée.


Il restait deux ou trois jours et repartait.

Le rythme monotone de ses absences se fondait dans le quotidien. En revanche, sa présence perturbait, remettait en cause toutes les heures construites sans lui. L'instabilité de son humeur, son repos à respecter introduisait des inconnues que je gérais mal.

Trop jeune pour comprendre les nécessités de l'existence, j'ai eu très vite l'envie de l'écarter de ma vie, d'en faire une histoire passée même si régulièrement il réapparaissait.

Et quand il était là, à se mouvoir tel un fantôme dans notre grande maison ouverte au quatre vents, il n'était pas plus présent à notre vie. Il se reposait des quinze jours d'absence. Seuls les ronflements qui s'échappaient de la chambre du fond me ramenaient à une réalité imposée.

Parfois, lové au fond de mon lit d'enfant, je priais pour qu'il ne rentre plus jamais.

Dernier train pour Buenos Aires, Liana Levi, 2010