crédit photo dominique estampes paillard
RECTO
Il y a le vent dans tes cheveux, sauvage et parfumé. J’aime me souvenir de cet instant.
Il y a cette côte dessinée à l’encre de Chine, puis aquarellée. Carte trouvée dans une brocante un matin, sur le port.
Il y a ce cri dans la nuit, glaçant.
Il y a cet horizon imprenable. Chaque jour, il défie ma route, celle qui trace le chemin vers demain.
Il y a les peut-être et les jamais, ceux qu’on veut éviter à tout prix.
Il y a ces lendemains sans saveurs qui violentent nos vies.
Il y a ces promesses d’ailleurs, elles bercent mon quotidien et donne la force de rêver encore.
Il y a les petits bonheurs saisis au gré de la journée, ces moments précieux qui échappent à ceux qui ne savent pas porter attention aux détails de la vie.
Il y a hier et toute sa promesse de vie pour demain.
Il y a le souvenir que j’ai de toi, il s’effrite peu à peu, mais m’habitera toujours, même lorsque les contours de ton corps se seront estompés.
Il y a ces petits riens, ils sont énormes.
Il y a ton regard que je ne sais capter.
Il y a la route, celle qui instruit, celle qui fait évoluer, celle qu’on remercie pour ce qu’elle est.
Il y a le ferry du lendemain matin.
Il y a ces moments grandioses où les continents grincent comme les dents.
Il y a la vague qui s’élève au-dessus de la mer.
Il y a cet espace de fusion entre le corps et la nature.
Il y a les lieux uniques des au revoir.
VERSO
Oui, la route est longue. Je m’y perds parfois. Là où le souvenir du chemin parcouru tisse un fil à peine perceptible, j’aime à redonner du sens à ces fragments de vie. Se retourner ne relève pas d’un acte nostalgique, c’est donner de la force au présent et une impulsion favorable à l’avenir. Oui à la vie, aux fleurs des champs, à l’eau endormie des lacs de montagne, à la force des torrents, à la beauté d’un vol d’oies cendrées sur le chemin migratoire, à la couleur bleu profond de tes yeux, à ce paysage époustouflant découvert en voyage, à tout ce qui nous rappelle qu’on existe à côté de tout le reste. Oui à ne plus rien savoir que dire. Oui à l’ivresse du jour qui tombe. Oui à mes pas dans les tiens, si éloignés et si présents. Je reviendrai au point zéro de mon histoire, retrouver le fil conducteur et retisser le récit de ce qui a été, est, et sera.
atelier d'écriture Tiers Livre, François Bon