25/03/2023

carnet|mars ///2023

©DEP

100 mots, tous les jours ou presque posés comme ils viennent... 


crnt|25•03•23

Succession d’images durant plus d'une heure comme un tourbillon artistique où se mêlent les couleurs aimées et partagées, du blanc, du bleu, du mauve, définitivement. Un profil sauvage, félin, dessiné par un halo métallique, une lumière bleutée. Aucune lassitude à écouter des murmures de mots vaporeux, intimes et envoutants. Musique électronique, synthé et notes de piano solo. Des objets fétiches se succèdent. L’espace en apesanteur, le temps des répétitions. Et ces moments hors norme glissent, se nourrissent de passion et de la pudeur qui émerge des silences suggérés. Lunettes teintées, cuir et tee-shirt reconfectionné maison à coups de ciseau précis. 


crnt|23•03•23

sur les lignes du tram, le regard du dedans, la vie au dehors. Les grandes marées comme une attente du point culminant. Juste à la limite entre le liquide et le solide. Le fleuve charrie une multitude de débris qui dansent entrainés par le courant. De l’autre côté du fleuve le soleil levant dessine en ombre chinoise les courbes urbaines, enflamme le ciel pour quelques minutes. Plus tard dans la journée, une fumée noire s’échappe de la ville. Au loin, quelque chose doit brûler. Ce n’est que dans la soirée que le feu symbolique du matin se transforme en cauchemar.


crnt|21•03•23

sur les lignes du tram, le regard du dedans, la vie au dehors. Il aurait fallu quelques jours, quelques mois pour faire revivre cet espace abandonné, lui redonner un semblant d’âme, mais au début de la semaine, un volet s’est cassé. Un volet vert délavé par le passage du temps sur le bois défraichi, séché par la morsure tranchante du soleil d’été, puis imbibé de l’humidité de l’automne, meurtri par les gelées de d’hiver. Un pan du volet est tombé de toute sa longueur sous la fenêtre et a laissé une ouverture béante offerte aux passants désintéressés de la rue.


crnt|20•03•23

sur les lignes du tram, le regard du dedans, la vie au dehorsPremier jour du printemps, ciel dégagé au-dessus de la ville comme un souffle d’un autre temps venu du sud. Des volets ouverts sur demain à la jointure d’une vie saccadée, blessée, dissociée. Et ce regard persistant, suivant les lignes horizontales du tram jusqu’à perdre de vue le bolide, englouti dans la ville au réveil perturbé par un début de semaine incertain. Sa main dans la tienne, rassurante, au bord du vécu, de l’existence de soi et le regard levé vers un visage connu comme une douce bénédiction.


crnt|07•03•23

sur les lignes du tram, le regard du dedans, la vie au dehors. Jour de grève et tout est décalé. Sur le quai, l’incertitude sur l’arrivée du tram dans les temps est palpable. Le suivi du décompte des minutes inscrites en rouge sang sur l’écran lumineux reste rassurant. Le regard sur la montre, se dire que finalement il n’y a pas d’inquiétude. Le tram apparaît au loin. Les stations défilent, mais la concentration se porte sur les pages d’un livre que l’on s’empresse de tourner pour anticiper la suite qui ne sera lue que plus tard, en rentrant chez soi.


crnt|06•03•23

sur les lignes du tram, le regard du dedans, la vie au dehorsC’était dans le froid de mars, comme une certitude que la semaine passée serait autre chose qu’une simple conséquence et que la suivante s’enchaînerait dans le silence de celle déjà terminée. Dans le tram ce lundi matin, tout est pareil et différent à la fois, les mêmes personnes se croisent sans jamais faire déborder leur regard sur l’autre, les yeux rivés à l’écran lumineux de leur téléphone. Un monde déshumanisé, chacun son écran, chacun ses écouteurs, chacun sa folie, son monde intérieur puissance 10 de vidéos affligeantes.


crnt|03•03•23

Arrive le moment tant attendu où l’esprit déporte ses priorités administratives vers un espace plus créatif. Se retrouver libre, libre dans sa tête. Sensation inépuisable de la page défilant devant soi jusqu’à l’épuisement. Les mots se poursuivent, s’entrechoquent, s’affirment, se déplient dans un mouvement insaisissable, un ballet insolite. Sur la banquette, le chat dort, étalé de tout son long, confiant, les oreilles aux aguets. Dehors, la température baisse, approche de zéro. Il fait bon rester au coin du feu, un carnet de notes à proximité et un livre ouvert sur une page illustrée où tous les espoirs semblent encore permis.


crnt|02•03•23

sur les lignes du tram, le regard du dedans, la vie au dehors. D’un mouvement mécanique, le panneau publicitaire fait défiler de haut en bas et de bas en haut les deux seules affiches du moment : Leclerc, arrêt Treulon, à trois stations et une autre sur un événement à venir. Le jour se lève et le regard se promène sur les bâtiments orientés dos à l’est qui forment, l’espace de quelques minutes, comme un découpage en ombre chinoise dans le ciel. La femme au manteau noir est coiffée d’un bonnet groseille et on devine le col d’un pull beige.


crnt|01•03•23

sur les lignes du tram, le regard du dedans, la vie au dehors. Ce matin, peu de monde sur le quai. La fille au manteau et au sac jaune est montée à l’arrêt Mairie du Bouscat. Elle est essoufflée, elle a dû courir. Assise dans un des carrés en sens inverse, elle regarde un épisode de série sur son portable retourné en format paysage. La femme en face, long manteau gris, jean vert d’eau, écharpe bleue assortie au bonnet, gants en cuir noirs comme son sac à main, ferme les yeux, son rouge à lèvre rouge sang souligne ses lèvres.